J'avais un collègue, au bureau, quelqu'un de gentil, de discret. Il était en mission pour quelques temps, un jour il est parti.
Durant ces quelques mois il n'a pas eu l'air de chercher la compagnie.
Comme beaucoup il avait sa vie, ailleurs.
Enfin c'est ce qu'on imagine.

Et puis un soir, à la sortie du bureau, il était là, à discuter avec d'autres collègues, qui fumaient sur le trottoir.
Il avait changé, il était soudain volubile, limite grande gueule, il voulait à tout prix aller boire
un coup avec les copains.
Les autres sont rentrés une fois leur cigarette terminée.
On aurait dit qu'il avait bu, mais c'était autre chose. Ce n'était plus la même personne.
Sa bonne humeur était suspecte, même lui ne semblait pas trop y croire.

J'aurais pu aller boire un verre avec lui.
J'ai fui.

En sortant de la cantine, quelques jours après, j'y repensais.
C'est à ce moment là que j'ai commencé à photographier les méduses.

                                                                                                                                             Les méduses
                                                                                                                                     Alain K août 2007